Qu'est-ce que c'est ?

Publié le par blog musee agen

Qu’est-ce que c’est ?est un jeu destiné aux héritiers de Sherlock Holmes ou autres détectives. 
C’est l’occasion de s’interroger sur des objets issus des réserves et jamais vus du public !


Le principe :

Toutes les semaines, vous trouverez une image d’un objet. L’objet y sera représenté dans sa totalité ou par un ou des détails.

Vous pouvez déposer vos commentaires pour exprimer ce qu’il vous évoque ou en désigner sa fonction.

A la fin de chaque semaine, nous vous dévoilerons sa fiche d’identité et un nouvel objet à questionner !

Rendez-vous ici pour la solution de l'énigme de la semaine dernière

A vous de jouer !


jeu-semaine-10.jpg

Solution de l'énigme

Nom : Poids dit « Pile de Charlemagne »

 

Date : 18e siècle, d’après un original du 15e siècle

 

Matériau : cuivre

 

Dimensions : hauteur : 13 cm ; diamètre : 8 cm

 

Provenance : fonds ancien du Musée

 

 

Pour la petite histoire : Ces six petits poids en forme de godets s’emboitant les uns dans les autres ont pour nom « Pile de Charlemagne » car c’est Charlemagne qui, dit-on,  tenta d’uniformiser les unités et créa un étalon de poids.

Cette pile était un étalon monétaire de référence, et servait aux artisans qui travaillaient l'or ou l'argent (orfèvres, joailliers, passementiers, batteurs d’or) et aux changeurs.

La pile permettait de peser les monnaies mais aussi l’or ou l’argent.

On voit très bien son usage dans le célèbre tableau du peintre flamand Quentin Metsys (Louvain, 1466-Anvers 1530), Le Changeur et sa femme, daté de 1514 et conservé au musée du Louvre. (huile sur bois : 0,71 m x 0,68 m ). Le changeur est en train de peser des monnaies à l’aide d’une petite balance appelée « trébuchet » (d’où l’expression : en espèces sonnantes et trébuchantes ! ) 

le-changeur-metsys.jpg
Quentin Metsys (Louvain, 1465/66-Anvers 1530),

Le peseur d’or et sa femme, 1514

Huile sur bois, 0,70 m x 0,67 m

Musée du Louvre

http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=24149


d--tail-changeur.jpg

Détail 

Autre représentation :

Petrus Christus (actif en 1444, mort vers 1475/76),

Saint Eloi orfèvre dans sa boutique, 1449

huile sur bois, 98 x 95 cm

The Metropolitan Museum of Art, New York 

(lien : http://www.metmuseum.org/Works_of_Art/collection_database/)


PetrusChristusSaintEloi.jpg

 

 

zoom-CHRISTUS.jpg
Détail

Pour en savoir plus : On se souvient que jusqu’à la Révolution française, les mesures étaient d'une extrême diversité. « Des mesures de même nature et de valeurs voisines avaient des appellations différentes selon les provinces, voire les villes ou les villages d'une même région. A l'inverse, le contenu physique de mesures de même nom différait en général selon les lieux et aussi selon la corporation intéressée ou l'objet mesuré.
Une certaine uniformité avait régné au début de l'ère chrétienne, lorsque le pied et la livre de Rome se sont largement répandus en Europe. Mais l'extrême morcellement du territoire devenu depuis, la France, où le pouvoir était alors partagé entre un nombre considérable de seigneurs et de villes, a favorisé une évolution en vase clos des noms et des valeurs des mesures. Il s'était ainsi formé, au sein de chaque groupe humain, collectivité territoriale ou corporative, un système de mesures approprié aux besoins du groupe, système souvent homogène si on se plaçait du seul point de vue du lieu ou du métier. Néanmoins, l'ensemble des mesures alors en usage en France peut être considéré comme un chaos informe.

De nombreux projets d'unification se heurtèrent ainsi aux résistances locales [[…] Quoiqu'il en soit, au XVIIIème siècle, la multiplicité des mesures n'ayant entre elles aucun facteur commun était extrêmement gênante, notamment dans les activités administratives, commerciales et scientifiques.

De 1668 à 1776, l'étalon prototype royal de longueur était la Toise du Châtelet fixée à l'extérieur du Grand Châtelet, détruit en 1802. Pour les poids, l'étalon était la pile, dite de Charlemagne, fabriquée vers le dernier tiers du 15ème siècle à partir d'étalons remontant à Charlemagne suivant la légende, composée de 13 poids à godets en cuivre qui s'emboîtent ; le plus petit est plein et les 12 autres creux (le plus grand, constituant la boîte avec couvercle et poignée) pesant en tout 50 marcs ou 25 livres. Il s'agit d'un tronc de cône (hauteur 9 cm) évasé vers le haut, de bases circulaires (supérieure : diamètre 15,5 cm, inférieure : 14 cm).

La "livre poids de marc" (0,4895 kg) correspond au 1/25 de l'étalon pesant 50 marcs, soit 12,2377 kg (le marc servant pour fixer le poids des monnaies et les transactions sur les métaux précieux). La pile a servi à déterminer la valeur des étalons provisoire (1795) et définitif (1799) du kilogramme. Cette pile est conservée au musée des Arts et métiers à Paris.»

Denis Février, « Les anciennes mesures de France ».

source : http://www.industrie.gouv.fr/metro/aquoisert/metre.htm

 

 

Pile de poids de 50 marcs dite « Pile de Charlemagne » et son écrin, laiton, date de construction : 1460-1510, inventaire n° 03261-0000, Musée des Arts et Métiers, Paris.

Pile-Mus--e-arts-et-m--tiers.jpg

Publié dans Qu'est-ce que c'est

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
<br /> un article bien documenté<br /> <br /> <br />
Répondre
S
<br /> le terme "de Charlemagne" ne serait-il pas l'altération postérieure de "50 marcs" ou "64 marcs", eu égard à l'unité de masse utilisée à l'époque ?<br /> <br /> <br />
Répondre
M
Vos articles sont très bien et très intérressants.<br /> les peintures également sont bien décrites .<br /> Merci pour tous ces renseignements.
Répondre
I
Ce musée, superbe, expose la représentation des valeurs de richesses que nous risquons de perdre. Nous sommes à la fin d'une ère économique et financière !<br /> La plupart des gens ont perdu de vue la recherche de la pierre philosophale, peu cherchent à polir la pierre !<br /> <br /> Un ami américain vient de nous envoyer un graphique impressionnant. Ce graphique détonne parce qu'il rapproche le poids du marché des dérivés (abstrait et dématérialisé) de deux grandeurs bien réelles : <br /> 1. Le PIB mondial, c'est-à-dire la richesse générée par tous les pays de la planète en un an.<br /> 2. La capitalisation boursière mondiale, c'est-à-dire la valeur de toutes les actions et obligations (d'Etat et d'entreprises) cotées sur toutes les places, partout dans le monde.<br /> <br /> La valeur des produits dérivés pèse 10 fois plus lourd que la richesse réelle créée par l'économie mondiale dans sa totalité !! Et plus de 5 fois la valeur les actions et obligations cotées sur les marchés mondiaux ! <br /> Trouvez l'erreur...<br /> Le volume des marchés de produits dérivés sur les six dernières années a explosé de 500% ! Pouvons-nous continuer ainsi ?<br /> Couvrir ses positions est une chose, faire des arbitrages en est une autre. La spéculation est nécessaire, elle fluidifie les marchés. Ce qui ne va pas, c'est le rapport de 1 à 10 entre la richesse réellement produite et les dérivés. La dérive est là.<br /> Le sage d'Omaha l'a vu venir...<br /> <br /> achat or
Répondre
C
il est interessant de retrouver cet objet sur les marchés africains notamment en Côte d'ivoire et au Ghana , ustensile utilisé pour mesurer le poids de la poudre d'or qui servait de monnaie jusq'au 19è siècle ;<br /> merci pour toutes ces informations
Répondre